dimanche 27 mai 2007

Histoire(s) simple(s)

Elle s'appelle Lucie, c'est mon amie depuis 15 ans.
Nous partageons tout. Nos états d'âme, nos colères, nos joies, nos frustrations.
Grande liberté de parole entre nous, grande complicité.
Elle me connaît, je la connais. Deux femmes ordinaires qui s'apprécient.
Son mari est parti le soir de la St Valentin, il y a deux ans.
Il avait tout prévu : nouvel appartement, nouvelle femme, nouveau départ. Nouvelle vie...
Lucie n'avait rien perçu, rien deviné. Elle s'est effondrée.
Trahison. Violence. Brutalité...
Des mots qu'elle répétait sans arrêt depuis. Des mots qui l'aidaient à faire le deuil d'une relation de plus de 20 ans.
Je l'ai écoutée, impuissante, pendant des mois.
Elle s'était réfugiée derrière une façade pour sa fille, pour les autres. Mais je savais bien que la douleur restait présente sous le masque.
Et puis, le temps qui gomme les blessures...
Il y a quelques semaines, Lucie m'a parlé de M.
Avec timidité et réserve.
Elle n'aime plus l'imprévu. Elle a peur de s'investir, elle pense à sa fille.
Mais quand je la regarde, je sais que Lucie est amoureuse...

Je m'appelle Rosalie. Et je suis dans une impasse...
Devant moi, un mur géant que j'aimerais bien franchir.
Et derrière moi, les restes d'un cocon...
Mes ailes seront-elles assez grandes et assez fortes pour m'aider à passer l'obstacle ?

"Pense à toi, Lucie. Aime le."
D'après une photo de Mike S.

samedi 19 mai 2007

Ma princesse éphémère

Il y a quelques semaines, j'ai cueilli des pâquerettes et les ai tressées pour en faire une couronne.
Je le faisais, il y a longtemps, quand ma fille était petite. Princesse éphémère.
Puis, la princesse a grandi et quitte peu à peu le royaume de l'enfance.
Je me rends soudain compte que les princesses grandissent vite ! C'était hier le moment où elle a appris à parler, à lire, à compter.
C'était il y a quelques instants le moment où elle paradait avec sa couronne sur la tête...
Je l'observe et suis admirative. Par sa force de caractère, par sa volonté, par son énergie.
Mais pas toujours facile à vivre...
Il faut lui montrer le chemin, sans la précéder. Lui tendre la main, l'air de rien. Attendre la question, avant de donner une réponse.
Maintenant, la princesse élargit son royaume. Part à la conquête de territoires inexplorés.
Maintenant, la princesse devient une reine...



Photo Tony Hnojcik

dimanche 6 mai 2007

Légère

Les bulles de savon s'envolent autour de moi et ma peau se lisse au contact de l'eau.
Je me sens enfin légère...

Il est 3 heures, ce dimanche matin.
Un sentiment urgent m'a conduit à cet endroit où je sais trouver la paix.
Un petit banc à l'écart. Ouvert sur la colline.
Pas d'étoile cette nuit, les nuages disparus depuis quelques semaines sont revenus.
Dommage. J'aime regarder le ciel étoilé. Il m'arrive de m'allonger sur le banc pour contempler le ciel et me perdre dans l'infini.
Pour cette fois, mon regard s'est posé alentour. Le mouvement bruyant d'un troupeau de vaches, à quelques mètres, m'a d'abord déconcentrée, puis s'est estompé.
Même les feuilles de l'arbre au-dessus de ma tête sont devenues silencieuses.
Aucun bruit, si ce n'est le clocher de l'abbaye qui rythme le temps.
Temps de plénitude. Repos de l'esprit. Retour du calme intérieur.
Il est bon ce silence retrouvé.

Le ciel s'éclaircit. Les oiseaux m'annoncent qu'il me faut rentrer.
Ailleurs, la journée commence. Pour moi, elle continue.

Photo Elena Savenkova